KENNEDY - Elizabeth 100%

Je suis Elizabeth. Elizabeth Kennedy. Ely ou Bethy pour les intimes, mais vous êtes trop peu nombreux à l’être. La majorité d’entre vous n’aura jamais ce privilège. Je vous vois déjà sourire « quelle égocentrique, on s’en moque d’être intime avec elle ou non ». Sachez que ma connaissance est une sorte de lettre d’introduction dans la société. Du moins dans Yale. Notamment auprès du proviseur. Merci Jonathan Andrew Kennedy. Mon père. Ancien élève de Yale, qui y a laissé une partie de sa notoriété. Suis-je rentrée ici grâce à aux relations ? Oui, et alors ? Si vous en aviez eu la possibilité, ne l’auriez vous pas fais ? Bon, je m’arrête. Je n’ai pas à me justifier près de vous. Je dois seulement me présenter. Je suis donc la fille de Jonathan A. Kennedy & Cathleen Abrahams. Avocat (cliché du père de la famille aisée) & Agent de castings. Je vis plutôt bien. Nos revenues sont plus que corrects. Pour certains je suis une « gosse de riche », une « fille à papa ». Je m’en contre fiche de ce qu’ils en pensent. Sont-ils jaloux ? J’ai vécu en Ecosse durant six malheureux mois de ma vie, les premiers d’ailleurs, mais j’ai bien vite quitté la nature écossaise pour le béton américain. Les Etats-Unis. J’y vis depuis mes premières années, je ne suis pas prête de les quitter. Je suis la cadette de deux enfants. La gâtée en soit. J’ai un frère et une sœur, tout les deux aussi hautain l’un que l’autre. Il faut croire que c’est de famille. Preston & Madeline. J’ai toujours eu des relations conflictuelles avec eux ; nous avons tous une relation conflictuelle les uns envers les autres. Nous sommes tout les trois une réplique d’un seul modèle, celui de mon père. Ayant le même caractère, nous ne nous entendons pas. Heureusement que j’ai au moins son charisme. Pendant mes jeunes années, je n’ai le souvenir que de certaines odeurs, certains lieux. Rien de bien précis. Je peux encore humer l’odeur d’encens qui embaumait le salon lorsque j’y regardais mes dessins-animés. Je sens encore le soleil inondé ma chambre les matins d’été. Je me rappelle le ton qu’employait ma nounou lorsqu’elle voulait avoir de l’autorité, c’était risible. Je me souviens d’une poupée que Madeline m’avait cassé. Et la vengeance qu’avait engendré cet acte. Elle du attendre plusieurs mois avant de retrouver ses beaux cheveux châtains. Peu de souvenirs qui forgeaient déjà ma personnalité. Je ne me laissais pas faire. Les ordres m’étaient inconnus. J’instaurais ma propre loi. On l’acceptait. Plus tard, ça ne changea pas. On me détestait, on m’adulait. C’est toujours comme ça lorsque l’on a l’argent et le pouvoir doublé du charme. Insultée moi de prétentieuse si cela vous fait du bien, ça ne serait pas la première fois. Certains disent que ma prétention n’est qu’un rôle cachant une sensibilité refoulée. Foutaises. Passons. Pendant mon adolescence, on suivit mes règles de nouveaux. A cette époque, je découvris certains plaisirs. Le jeu, l’alcool, les fêtes, le tabac, les hommes. Des plaisirs qui me suivent encore aujourd’hui. Des plaisirs malsains, cependant commun à tous. Des vices. Nous sommes tous des vicieux. J’en suis persuadée. Il est clair que chez certains, ça se voit plus. Et c’est à cette époque que j’ai développé une seule et unique règle : les violer. Pas de règles, aucune autorité. Je n’installe pas mon autorité, non, je fais en sorte qu’il n’y en ai pas. Ma règle ? Ne pas en avoir. C’est simple. Et depuis que je suis à Yale, je l’applique plutôt bien. D’ailleurs, ce non-respect des règles me fait faire certaines choses, mh, excitantes dirais-je. Jérémy Brown en sais quelque chose. Un seul mot : cagibi, et vous pouvez comprendre de quoi je parle. Pour les moins perspicaces, j’ai une relation libre avec lui, et nos ébats se sont déroulés dans ce cagibi. J’aime notre relation. Je ne crois pas que quelqu’un le sache. Ou, du moins, personne n’en parle. Peut-être que je ne sais simplement pas qu’il parle de moi. Je n’en sais rien, et je ne cherche pas à savoir. Les paroles des autres ne m’intéressent pas. Ils ne m’intéressent pas. Je suis au-dessus de tout ça.